Alors voila une petite introduction. Hum, hum :
Oye ! Oye ! Braves Lecteurs !
Vous êtes sur mon blog : Mon bazar d'histoires !
Ici, je publierai des nouvelles et des 'romans' plus ou moins avancés ! J'espère que mes histoires vous plairons ! N'hésitez pas à me contacter pour me poser des questions ! "Bonne lecture ! "

21 févr. 2012

Suite de la pièce !


Scène 4 : Les mêmes, les 14 enfants de Niobé, Cassandre

Niobé : Les voilà !

Quatorze enfants, sept filles et sept garçons entrent dans la salle d'audience.

Niobé : La beauté !

Une fille se pavane devant l’assemblée, visiblement non conquise.

Niobé : La grâce !

Un jeune homme se dandine devant l’assemblée, qui semble indifférente.

Amphion : Tu vois bien qu’ils ne sont pas de ton avis !

Niobé : Ils ne peuvent qu’approuver, n’est-ce pas ?

La cour : Oui Niobé !

Niobé : Vois-tu ? Ils acquiescent. Ils sont dans l’obligation d’acquiescer devant ma magnificence.

Némésis : Orgueil.

Niobé : Plaît-il Némésis ?

Amphion : Laisse cette demoiselle en dehors de ça, Niobé !


Némésis : Demoiselle ?! Je suis une déesse !

Amphion : Je me moque de votre statut Némé machin chose ! Tu viendras dans mon cabinet après cette audience improbable, Niobé !

Némésis : Irrespect.

Niobé, ignore Némésis : Très bien, je ne suis qu’une reine après tout, c’est cela ?

Amphion : Je ne t’ai jamais abaissé devant moi Niobé. Si tu le veux, cela est chose faite : je suis le maître de Thèbes, Niobé, tu n’es que ma femme !

Niobé : Ta femme qui t’a donné quatorze merveilleux enfants !

Amphion : Insolente !

Niobé : Scélérat !

Amphion : Ingrate !

Niobé : Monstre !

Amphion : Je me retire.

Niobé : Soit, je reste ici.

Amphion et Nosios se retirent.

Cassandre : Que se passe-t-il ?

Niobé : Amphion est infect. Il est le maître de Thèbes mais moi, je suis la reine aimée des Thébains.

La cour se retient de pouffer.

Cassandre : Niobé. Je vous annonce officiellement qu’une tragédie va survenir !

La cour rit à gorge déployée et sort progressivement de la salle d’audience.

Niobé : Tais-toi Cassandre, tu n'es qu'un insecte devant ma magnificence.

Cassandre : Attendez ! A votre avis, pourquoi Melpomène est venue ? Qu'a dit Némésis, cette déesse qui ne dit que la vérité et qui punit les pêchés, qu'a-t-elle dit ?

La cour a totalement disparue.

Cassandre : A Melpomène et Némésis. Venez avec moi Mesdames. A Niobé. Ma reine, je vous prierai de nous accompagner.

Niobé : Très bien, je n'ai rien à faire, je veux bien entendre vos babillages.

Elles sortent par la porte du cabinet de Niobé.


Scène 5 : Niobé, Antiana, Némésis, Melpomène, Cassandre

Cabinet de Niobé.

Niobé : Comment ose-t-il ? Il n’est pas le maître absolu. Sans moi, tous ses beaux enfants n'existeraient pas. Notre descendance est assurée, grâce à moi !

Antiana : Madame, je vous en prie. Allez-vous excuser. Thèbes ne survivra pas longtemps à vos disputes répétés. La famille royale ne doit pas être anéantie.

Niobé : Anéantie ! Mais nous avons sept héritiers ma chère ! Après tout, tu n’as aucun ordre à me donner Antiana et tes conseils sont inutiles… Mais que faites-vous ici, au fait, envoyées des Dieux ?

Némésis : Stupidité.

Niobé : Mais que dis-tu enfin !? Je peux te faire exécuter sur le champ si je le veux !

Némésis : Aveuglement.

Melpomène : Nous sommes ici pour être avec vous. Toujours avec vous.

Niobé : Pourquoi cela je vous prie ?

Cassandre : Car elles sont ici pour vous surveiller Niobé.
Niobé : Tais-toi !
Cassandre : Votre conduite honteuse a conduit les Dieux à vous surveiller, Niobé.

Niobé : Je ne suis plus une enfant ! Personne n’a le droit de me surveiller !


Antiana : Madame, calmez-vous, votre colère détruira Thèbes.

Niobé : Je peux hurler si je le veux, tuer si je le veux, dire que mes enfants sont les plus beaux, si je le veux ! Que Thèbes soit détruite alors si je ne peux assouvir mes désirs !
Cassandre : Ces paroles ne sont pas tombées dans les oreilles de sourds ma Reine.

Niobé : Comment ça ?

Melpomène : Nos maîtres vous surveillent.
Niobé : Qui sont vos maîtres ?

Melpomène : Apollon.

Niobé : Très bien. Très bien. Je les défie ! Qu’ils viennent détruire Thèbes ! Qu’ils viennent tout détruire ! Je suis belle, intelligente, mes enfants sont merveilleux, mon mari est le fils du tout puissant Zeus !

Antiana : Je vous en supplie, Madame, arrêtez vos blasphèmes !

Niobé : Qui est la mère de cet Apollon ?

Melpomène : Vous ne savez pas ça ? Ne connaissez-vous pas les Dieux, alors que vous êtes reine ?

Niobé : Répondez.

Melpomène : Léto, son nom est Léto.

Niobé : Combien a-t-elle eu d’enfants ?

Cassandre : D’où sortez-vous Niobé ? Vous ne connaissez donc pas nos Dieux tout puissants ? Les thébains savent tous que Léto a engendré Apollon et Artémis.

Niobé : Pour qui vous prenez-vous Cassandre ?! Je suis votre Reine toute puissante ! Plus puissante que vos dieux de PACOTILLE ! Léto n'a eu que deux enfants ? J'en ai eu 14 ! Léto n'était qu'une vagabonde ? Je suis une reine ! Léto était pauvre ? Je suis riche et puissante !

Antiana : Madame, je vous en prie, c’est trop…


Némésis, entre en transe et tend les mains vers le plafond : Blasphème, provocation, blasphème, provocation, blasphème, provocation, blasphème, provocation. Convocation. Iris !



Scène 6 : Les mêmes, Iris, les gardes

Iris entre en scène, drapé d’arc-en-ciel.

Niobé : Qui est cette sotte ?

Iris : Je suis la messagère des Dieux, Iris.

Niobé : Fichtre ! Qu’en ai-je à faire ?! Ne puis-je donc pas rester tranquille dans MON palais ?! Il faut absolument que les Dieux mettent leur nez partout ! M’entendez-vous, impolis ! Ingrats !

Iris : Les Dieux vous ont entendus, Madame. Ce soir, vos enfants disparaîtront, à jamais.

Niobé : Comment osez-vous prononcer de pareilles calomnies ?! PARJURE ! Messagère des Dieux ? Menteuse !

Iris : Ce sont les Dieux qui ont prononcés ces calomnies. L’état de votre progéniture n’est plus entre vos mains, Niobé. Quelle que soit la fortune d’aujourd’hui, vos enfants périront ce soir.

Cassandre : Telle est la volonté des Dieux, ma reine.

Niobé : L’armée de Thèbes protégera mes enfants !

Iris : Les Dieux sont plus puissants que tout. Les hommes ne sont rien face à eux.
Cassandre : Je l’avais prédit mais Amphion n’a rien voulu entendre.
Niobé : Taisez-vous, Pythie maudite !

Némésis : Aveuglement.

Niobé, désignant Némésis : Qu’on arrête cette sotte !



Les gardes accourent. Subjugués par la beauté d’Iris et par son écharpe d’arc-en-ciel, ils s’agenouillent devant elle et implorent son pardon.

Niobé : Arrêtez- les ! C’est un ordre de votre Reine ! De votre Reine bien-aimée !

Iris : Les humains ne peuvent rien contre les Dieux, Niobé. Vos enfants sont perdus. C’est la fin de votre dynastie.

Niobé : Vous ne pouvez pas ! Vous… C’est impossible ! Amphion est le fils de Zeus ! Zeus ! Protégez vos petits-enfants ! Il ne laissera pas faire une telle hécatombe !

Iris : Votre mari a vu le jour sous le soleil de l’infidélité Madame. Héra se vengerai contre Zeus si elle l’apprenait. Le Maître des Dieux assistera au massacre.

Niobé : Je les protégerai au péril de ma vie !

Némésis : Entêtement.

Antiana : Venez Madame, il faut vous reposer.

Iris : Je pars. Les Dieux sont implacables Niobé. Votre sort est inéluctable.
Iris repart comme elle est venue. Niobé s’effondre dans les bras d’Antiana.

Niobé : Mes amours. Mes enfants… Zeus je vous en prie ! Zeus ! Sauvez-les ! Pitié ! Pitié ! Ayez pitié d’une pauvre femme ivre de colère !

Antiana : Ce n’est pas digne d’une Reine Madame, relevez-vous.

Niobé, se relève fièrement : Vous avez raison Antiana. Je leur montrerai que les humains savent combattre les Dieux !

Cassandre : Peine perdue ma Reine.

Niobé : Je ne vous ai posé aucune question, Pythie.

Cassandre : Vos enfants mourront, tous.
Niobé : Je ne vous crois pas.

Cassandre : Je suis habituée. Mais je le répète, vos enfants mourront.


Niobé : Taisez-vous.

Cassandre : A cela aussi, j’y suis habituée.

Niobé : Cassandre, quel sera le châtiment de mes enfants, si je n’arrive pas à les protéger ?

Cassandre : Vous ne me croiriez pas.

Niobé : Parle !

Cassandre : Ils seront tués par les enfants de Léto. Tous périront.

Niobé : En effet, je ne vous crois toujours pas. Melpomène ?

Melpomène : Ils périront tous dans les flammes du Tartare,
Quels que soit vos gestes, il est déjà trop tard.
Flèches fuseront de tous côtés,
Vos chers enfants seront décimés.

Niobé : Taisez-vous, Monstre ! Vous êtes la Muse de la Tragédie après tout ! Vous êtes ici pour nous conter des malheurs !
Antiana : Venez Madame, nous devons en faire l’annonce à Amphion.

Niobé : Tu as raison Antiana, allons annoncer que nous protégeront nos enfants au prix de notre vie, même si ce ne sont que des balivernes !

5 févr. 2012

Le début d'une pièce de théâtre mythologique !

Voilà ! Je ne suis en vie ! Voici une pièce de théâtre mythologique sur la légende de Niobé (tapez Niobé sur wikipédia, c'est très simple ! ^^) Elle est terminée mais à améliorer ! Bonne lecture !


Niobé, l’orgueilleuse reine de pierre.


Liste des personnages :

Niobé, reine de Thèbes
Amphion, roi de Thèbes
Cassandre, oracle maudite, elle ne peut être crûe
Némésis, déesse de la mesure et de la vengeance, elle combat l'excès (l’hubris), venge l'orgueil et punit la démesure
Melpomène, muse de la tragédie
Antiana, confidente de Niobé
Nosios, confident d’Amphion
Iris, Messagère des Dieux
Les mères de famille
La cour

La scène se passe à Thèbes.















ACTE 1 :
Scène 1 : Amphion, Cassandre, Nosios.

Cabinet de Cassandre.

Amphion : Cassandre, je viens vous consulter…

Cassandre : A propos de Niobé, je le sais.

Amphion : Ne me coupez pas la parole et arrêtez de m’étaler votre connaissance, je vous prie. Répondez seulement à cette question : Niobé va-t-elle mourir ?

Cassandre : Pourquoi cette question, Majesté ?

Amphion : Répondez, je veux juste la réponse. C’est moi qui pose les questions ici, Cassandre !

Cassandre : La réponse négative vous conviendrait, n’est-ce pas ? Mais répondre par la positive serait tellement plus tragique…

Amphion : Parle, maudit oracle !

Cassandre : Pythie, je vous prie, appelez-moi Pythie. Je suis une Pythie maudite si vous voulez user d'une périphrase.

Amphion : Je me demande d’ailleurs pourquoi nous vous avons recueillie chez nous.

Cassandre : Je ne saurai répondre à cette question. La bêtise des humains est un sujet tabou chez les Dieux.

Amphion : Ce n’était pas une question que je vous posai, mais une question que je me posais !

Cassandre : Si je dois maintenant distinguer deux types de questions, mon travail n’en deviendra que plus dur.

Amphion : Répondez alors, répondez à ma première question !

Cassandre : Merveilleux Amphion, père de quatorze sublimes enfants, elle va très bien et mourra un jour, comme tout le monde, mais dans l’immédiat, elle sera sauve.

Amphion : En êtes-vous sûre, Pythie ?

Cassandre : Je vous dis qu’elle est sauve… Néanmoins…

Amphion : Je dois rester avec elle, pour la protéger, même si je sais qu'elle vivra éternellement car nos enfants perpétueront notre lignée.
Cassandre : Pourquoi êtes-vous si sûr de vous, Amphion ?

Amphion : Vous devriez connaître la réponse, vous qui savez tout sur tout !

Amphion et Nosios se retirent.

Cassandre : Tu devrais m’écouter Amphion, et prêter plus d’attention à tes enfants… Tes pierres sont éternelles, ta progéniture n’est pas immortelle !


Scène 2 : Niobé, Amphion, Antiana, Nosios, deux mères de famille, la cour.

Dans la salle d’audience royale. Amphion fait une entrée magistrale.

Niobé : Te voilà enfin, moi-même et la cour t’attendions.

Amphion : Je venais m’informer de ton état, j'ai parlé avec Cas...

Niobé : De quel état ? Ai-je l’air d’aller mal ?

Amphion : Non, bien sûr que non. J'ai juste fait un mauvais rêve, que dis-je ? Un horrible cauchemar !

Niobé : Je me porte très bien. Toute la cour m’aime, n’est-ce pas ?

La cour : Oui, Niobé !

Niobé : Tout est en ordre. Vous, mesdames, au premier rang, venez vers votre Reine adorée.

Première mère de famille : Bonjour votre Majesté.

Deuxième mère de famille : Bonjour votre Majesté.

Niobé : Oui, oui, bonjour. Combien avez-vous d’enfants Mesdames ?

Première mère de famille : Cinq votre Majesté.


Niobé s’esclaffe.

Deuxième mère de famille, fière : Sept votre Majesté.

Niobé lève les yeux au ciel.

Niobé : Retournez-vous asseoir, c’est un ordre.

Amphion : Et bien ma chère, à quoi rimait cette…


Scène 3 : Niobé, Amphion, Némésis, Melpomène, Antiana, Nosios, les deux mères de famille, la cour.

Entrée lumineuse de Melpomène et Némésis, sous les yeux ébahis de la cour, d’Amphion, des mères de famille, des confidents. Niobé observe cette arrivée dédaigneusement.

Amphion : Cela devient une habitude de me couper la parole aujourd'hui, je…

Melpomène : Je suis Melpomène, muse de la tragédie, envoyée par Apollon, pauvre reine Niobé.

Némésis : Je suis Némésis, déesse de la mesure, combattant les excès. Je suis envoyée par mes frères et sœurs les dieux de l'Olympe pour observer votre comportement, démesurée Niobé.

Niobé : Vos périphrases m'insupporte. Je ne suis ni pauvre, ni démesurée. Je comprends votre excès de zèle et cette entrée sublime quoique... Jamais aussi remarquable que mes entrées. Vous usez de vos artifices pour m’impressionner ! Pour vous récompenser, comme les descendants et les cousins des Dieux sont accueillis généreusement ici, à Thèbes, asseyez-vous près de moi. Nous ne sommes jamais de trop pour m’entendre parler !

Amphion : Que nous vaut cette mascarade Niobé ? Tu ne voies pas que les Dieux ont voulu te faire passer un message à travers cette déesse et cette muse ? Elle est la muse de la tragédie ! Es-tu donc aveugle à ce po…

Niobé : Il suffit Amphion, j’ai des paroles importantes à prononcer, contrairement à toi. J’annonce officiellement que mes enfants sont les plus beaux et les plus intelligents de tous ! De plus, ils sont les plus nombreux. Pointe la deuxième mère de famille du doigt. Cette femme n'en a que sept ! J'en ai quatorze !

Némésis, froide : Prétention.

Amphion, Melpomène, Antiana, Nosios, les deux mères de famille et la cour se retournent vers Némésis et attendent la réaction de Niobé. Seule Niobé n'a visiblement pas entendu… Ou se force à ne pas entendre.

Niobé : Plaît-il Némésis ?

Némésis ne bouge et ne parle plus.

Niobé : Tant pis. Je disais donc que mes enfants étaient les meilleurs dans tous les domaines ! Pour vous le prouver, voici un florilège de leur talent !

4 janv. 2012

Et voilà une nouvelle pour le début de cette année 2012


Il n'y a pas d'amour heureux

Rapidement, elle traversa le salon et se rendit dans la chambre à coucher. Il était là, voûté sur sa table de travail, tremblant comme un enfant à qui l'on allait donner sa punition.
« Je ne pensais pas que ce jour pourrait avoir lieu, annonça-t-il, avec tristesse et détachement. »
Il se leva avec une extrême lenteur. Les mains fébriles, les yeux exorbités et injectés de sang, la tête basse, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il n'était plus rien. Elle lui prit le bras avec cette précipitation qu'ont les personnes qui veulent « bien faire ».
« Au salon, murmura-t-il, morne. »
Elle l'emmena doucement, comme une infirmière le ferait avec un patient. Il s'assit dans le canapé. Elle se mit à genoux devant lui et le regarda avec une extrême tendresse. Il lui caressa les cheveux, comme il aurait pu le faire avec sa chienne. Comme une proie aux aguets, il se redressa et appela son animal. La belle chienne accourut, langue pendante. La femme fut presque jalouse de ce pelage soyeux et de ce regard vitreux tant il aimait son animal. Il avait retrouvé l'envie de poursuivre sa mission lorsqu'il se souvint que tout était fini. Il n'y avait plus de temps à perdre. Il se leva avec conviction.
« Nous y sommes. »
Il ouvrit le tiroir d'un de ses buffets et en tira un revolver. Assise par terre, elle frissonna à la vue de l'éclat noir. Il chargea l'arme avec cette même lenteur commune à chacun de ses faits et gestes. Au bord de l'hystérie, elle lui arracha l'instrument de mort et termina de le charger avec l'habileté et la rapidité d'une experte. Elle lui rendit le pistolet et reprit sa place : au sol, à côté du canapé. Elle admira les garnitures blanches en forme de fleur de son vêtement. Elle épousseta sa robe bleue foncé de quelque matière invisible.
« Tu es nerveuse ?
-Qui ne le serait pas ? »
Elle respira avec précipitation. Elle sortit un chapelet de sa poche. Il leva les yeux au ciel, méprisant. Elle le manipula frénétiquement en murmurant une langue inconnue aux oreilles de l'homme. Elle ouvrit la croix de son chapelet et en sortit une minuscule pastille immaculée.
« C'est Lui qui t'offre ce poison ?, ricana-t-il.
-Ne plaisante pas avec ça s'il te plaît, rétorqua-t-elle, les yeux assassins. »
La chienne vint lécher la figure de la femme. Elle la repoussa avec ardeur :
« Et dit à Blondi de sortir d'ici ou tue-la !
-Oui, d'accord. »
Il caressa une dernière fois derrière ses oreilles, son endroit favori et il tira un seul coup dans le crâne de la chienne, qui tomba délicatement à ses pieds. La femme mit ses mais devant sa bouche et poussa un cri. Elle détestait la vue du sang, cruelle ironie.
« Tu n'étais vraiment pas faite pour être ma femme.
-Mais je l'ai été, et je le serai jusqu'au bout. »
Il vint s'accroupir près d'elle et l'embrassa. Le contact de la moustache la fit frissonner, comme toujours. Elle caressa la mèche de l'homme avec la délicatesse d'une mère.
« Fais-le, ordonna-t-elle, avec une vigueur rare dans sa voix cristalline. »
Il s'allongea avec avec parcimonie sur le sofa. Elle détourne la tête. Le coup de feu résonna dans le bunker. Elle prit son comprimé de cyanure qu'elle croqua. Une douce chaleur investit son corps comme une gangrène agréable. Cette sensation se transforma en brasier. Chacun de ses organes éclata, chacun de ses muscles se disloqua, chacun de ses tissus brûla. Elle lâcha son chapelet dans un sursaut de douleur. Elle se recroquevilla comme un fœtus. Elle sourit. Elle allait mourir avec son amour. Mourir avec son ange. Avec son ange de mort. Elle réussit à articuler ce qui furent ses dernières paroles :

« Seigneur, accueillez une femme qui a toujours aimé son mari, qui l'a toujours suivi dans l'ombre, toujours accompagné dans ses peines, dans ses doutes. Accueillez une femme si aimante, si aimante d'un homme haï par le monde entier. Accueillez Eva Braun. Eva Braun-Hitler. »

16 déc. 2011

Deuxième chapitre !


Désolé pour la petite attente ! Et bonnes fêtes de fin d'année si je ne poste pas d'ici là !! =D

-II-

Ambulances. Urgentistes. Blouses blanches. Non. C'est ce qui m'avait frappé. Blouses jaunes. Blouses anti radiations. Celles que l'on ne voit qu'à la télé lorsqu'il y a une explosion ou tout autre incident nucléaire. Il nous emportaient comme des bêtes. Comme des cobayes à qui l'on allait faire des expériences toutes plus folles les unes que les autres. Mais non. Ce fut mon imagination qui dérailla encore une fois. On nous envoyait juste dans l'hôpital le plus proche, mais avec beaucoup de précautions. Paul était affolé. Moi j'étais en colère. Je déteste les surprises. Celle-ci en était une de taille. Nous étions tous dans l'ambulance. La sirène hurlait comme une truie que l'on égorge. Je regardais les autres. Il étaient paniqués, autant, si ce n'est plus que Paul. Paul me prit la main. Si cela pouvait le rassurer. Il me caressa la joue. Je lui lançai un regard piquant. Il ne me retoucha plus joue. Il ne m'avait même pas payé de consommation. S'il croyait qu'un simple surprise, une détestable surprise, pouvait me faire plaisir, ce minable se trompait. Une petite fille sanglotait. Pourquoi avait-elle été voir Arianna chanter ? Elle avait dû s'emmerder. On arriva enfin à l'hôpital. On nous plaça tous en quarantaine. Nous étions une quarantaine en quarantaine. Je souri lorsque j'entendis ma conscience formuler de telles stupidités, à un tel moment. Un homme me regarda avec un air de colère et de haine, il me lança, enragé :
« Tout a l'heure vous criiez ? Maintenant vous souriez ? C'est de votre faute tout ça hein ? C'est de votre faute ? Vous vous foutez de notre gueule c'est ça ! C'est des foutaises ! Une mascarade ! Écoutez-moi tous ! C'est elle l'organisatrice de cette connerie ! C'est une grosse blague ! Une caméra cachée ! 
-Enfin, calmez-vous Monsieur, vous voyez bien que cette dame n'y est pour rien, je vous rappelle que les hôpitaux n'auraient pas accepté une telle blague dans leur établissement, lui répondit une femme, la soixantaine.
-Ta gueule la vieille ! J'en ai marre d'être ici ! »
L'homme hurla et cogna à la porte. Des médecins entrèrent et le piquèrent immédiatement, comme un animal trop virulent. L'homme tomba lourdement au sol. Les médecins ressortirent, comme pour éviter un mal invisible. Je soupirai bruyamment. Rien ne se passait. Encore ce mot. Il nous suivait toute notre vie. Enfin, une cohorte d'infirmières entrèrent, toujours en blouses jaunes, et nous firent passer des examens. Après plusieurs longues heures, personne n'eut le droit de partir. Ils évacuèrent une aile entière de l'hôpital pour nous séparer tous, un dans chaque chambre. Ils disaient que c'était au cas où ou un seul d'entre nous avait la maladie.
« Quelle maladie ?, a demandé l'un d'entre nous. »
Ils nous ont répondu que la chanteuse avait contracté une maladie. Une maladie encore inconnue à notre époque. Les gens furent encore plus paniqués. Paul respirait rapidement, tumultueusement. On nous sépara donc. Je fus installée dans une petite chambre assez sympathique. Une télévision, une radio, des livres. Je ne savais pas si nous étions dans un hôpital de luxe mais nous étions bien lotis. Je m'allongeai sur le lit et m'endormit instantanément.
En me réveillant, j'allumai la télévision :
« La Lapizodia ou plus communément appelée maladie de la pierre, est une étrange maladie qui est apparue il y a quelques jours dans plusieurs pays du monde. Nous n'en savons pas grand chose si ce n'est que les individus touchés meurent par pétrification au terme de leur maladie. Les médecins et scientifiques du monde entier se sont penchés sur cette nouvelle maladie et trouveront dans très peu de temps la solution à ce problème. »
Je regardai ma peau très attentivement. J'observai chaque recoin de mon corps devant le miroir. Elle était rosée, mais pas grise. J'attendis, longtemps. Enfin, on vint à ma rencontre. On me dit que je pouvais quitter l'hôpital, que je n'avais rien. Par contre, je ne pouvais pas rentrer chez moi avec celui qui m'accompagnait, il avait contracté la maladie. Je leur décrochait un regard interrogateur et arquai un sourcil. Il me répétèrent ce qu'ils avaient dit. Je lâchai un petit rire. Ils furent interloqués. Je leur répondit, du tac au tac :
« Je ne suis pas avec lui. C'est lui qui est avec moi. »
Ils ne comprenaient toujours pas. Décidément, ces esprits scientifiques... Que d'intelligence cloisonnée et bornée.
« Je suis une pute. C'est lui qui est avec moi. Ce n'est qu'un pauvre type qui n'a pas assez de charisme pour se trouver quelqu'un, alors il me paie des fortunes parce qu'il croie que je l'aime. Maintenant, j'aimerai bien que vous lui demandiez mon argent. Qu'il crève, j'ai d'autres clients, et ils me paient bien plus cher que ce minable. »
Une infirmière mit une main à sa bouche, outrée. Je lui rendis un sourire et lui fit un clin d’œil. Elle tourna la dos, comme tout le reste des ambassadeurs de l'hôpital. L'infirmière revint quelques minutes plus tard avec mille euros en liquide. Elle regardait l'argent avec envie :
« Et ouais. Je fais un beau métier. »
Je traversai le couloir. Je m'arrêtai devant la chambre qui devait être celle de Paul. Une fenêtre me permettait de voir clairement ce qu'il s'y déroulait. Il avait lui aussi cette peau grisâtre. Ses yeux avaient perdus de leur éclat. Il était encore plus laid qu'avant. Son seul charisme qui résidait dans ses yeux, avait disparu en fumée. Il chercha la télécommande et appela une infirmière, elle me bouscula pour entrer dans la chambre.
Avec sa combinaison spatiale, l'infirmière conduisit Paul dans la salle de bain. Je compris. Les yeux gris, c'était le premier signe de cette maladie. Avant de mourir, on devenait aveugle. C'était pour cette raison qu'Arianna ne faisait que des pas hésitants et avait été conduite par un garde du corps jusqu'à son micro. C'était pour cette raison qu'elle avait caché son visage avec cette voilette. Pour cette raison que les lumières étaient si fortes, pour cacher son teint gris. Malgré tous ces charmes, ces artifices, la Mort avait tout emporté. Le Rien avait tout avalé. Il ne restait plus rien de cette Diva, mis à part quelques morceaux de pierre, et le mérite d'avoir été la première à avoir contracté cette maladie en France. Je sortis de l'hôpital, respirant enfin l'air frais et me débarrassant de cet atmosphère aseptisée. Je traversai ce quartier de bobos en profitant des arbres et des beaux appartements. L'air frais et printanier fut revigorant. Moi et mes mille euros en poche, je retournai dans mon cher quartier du 13ème arrondissement. Je montai les escaliers qui hurlaient de douleur à chaque pas posé sur ses marches. J’ouvris la porte en bois mité et m'allongeai sur un futon moelleux. J'étais originaire du Japon. J'avais gardé mes habitudes de là-bas. J'allumai le télévision et me fit chauffer un thé :
« La Lapizodia touche de plus en plus de personnes. Le monde entier est à présent touché par cette maladie ravageuse. L'ONS et les gouvernements mondiaux conseillent au population de rester chez elle, sauf pour faire les courses indispensables. Le gouvernement Parti Solidaire Français vient de créer une aide pour la population française. Cette aide vise à créer des congés payés, jusqu'à ce que la maladie disparaisse. Le gouvernement, déjà endetté, continue à creuser son déficit avec cette aide. Les critiques du parti adverse fusent. »
La bouilloire cria à tu-tête. D'un pas, je passai de ma chambre à la cuisine. Je me servis mon thé vert et continuai à écouter les informations : ce sujet me passionnait. Pour une fois que le monde était touché par quelque chose d’intéressant. Pour une fois qu'une catastrophe n'était pas raciste. Qu'elle touchait toutes les populations :
«Des milliers de morts sont déjà recensés et cela ne devrait pas s'arranger avec le temps. Les scientifiques cherchent toujours activement une solution. Même les médecins pour la recherche contre le cancer et la VIH sont intervenus pour aider à contrer cette épidémie. Si jamais votre vue baisse subitement et que votre peau devient grise, rendez-vous immédiatement à l'hôpital, ne touchez, ne parlez, ne rentrez en contact avec personne. Les hôpitaux son déjà pris d'assaut mais les autorités affirment que tout le monde sera pris en charge. »
J'éteignis cette boîte à images. J'allumai ma chaîne-hi fi. « These boots are made for walking » résonna dans mon appartement minuscule. Je décidai d'aller faire une petite promenade. Je mis la même musique sur mon Ipod en marchai dans ma rue. Celle-ci était déserte. D'habitude pleine de vendeurs à la sauvette criant le mérite de leur produits, le silence était complet, mis à part ma musique. Je sautillai et tournoyai autour de chaque lampadaire qui se présentait devant moi. Je hurlai ma chanson lorsqu'une personne me bloqua la route. Je lui criai de bouger. Elle ne bougea pas. Je lui donna une gifle monumentale. Ma main fut recouverte d'éclats de pierre. Je fis un bond en arrière, comme si j'avais crû que la maladie m'avait attrapée. Les pierres n'était plus contagieuses. Quelle stupide frayeur. Je continuai mon chemin quelques pas... Je me retournai. Je poussa la statue sur la route. Elle se brisa. Je me mis à danser sur Nancy Sinatra. Je frappai des mains, complètement emportée par la musique. Je finis ma chanson en tournoyant sur moi-même. Terminée. Je retournai chez moi. Il n'était que midi. Que faire quand on devait rester chez soi et que personne ne nous accueillait si l'on sortait ? Je décidai de faire comme toujours. Je sortis et marchai sur le trottoir, sans but... Mon job, en somme. Comme je l'avait prédit, personne ne vint. J'errai alors. Il n'y avait que ça à faire. Maintenant je sais que j'aurai du secourir et aider des gens. Mais je n'y prêtai pas attention. Je fis ensuite une étrange découverte. Une adolescente était assise sur un banc, sanglotant. Je m'assis à côté d'elle. Je mis ma main sur son dos, subitement compatissante. Elle me regarda, implorante et me pointa son doigt sous le banc. Je me mis à quatre pattes et jeta un regard sous le banc. Un chat y était pétrifié.
« Où sont tes parents ?
-Morts.
-C'est ton chat ?
-Il l'était.
-Où vis-tu ?
-Je ne vis plus.
-Comment ça ?
-Je vais mourir.
-Pourquoi dis-tu ça ?
-Mes parents sont morts. Je vais attraper la maladie.
-La Lapizodia ?
-La Lapizodia.
-Tu veux venir chez moi ? Dans mon appartement ?
-Tu n'as pas peur d’attraper la maladie ?
-Non.
-Tu travailles ?
-Oui.
-Le gouvernement doit te payer alors.
-Non.
-Pourquoi ?
-J'étais prostitué. Comment sais-tu que le gouvernement paie les gens ? Tu n'es qu'une adolescente.
-Je m'intéresse à la politique.
-Pourquoi ?
-Parce que j'admire la politique.
-Tu admires ce ramassis d'incapables ?
-De la part d'une pute, je pense que ce n'est pas approprié.
-Bien. Tu as du répondant. Que faisais ta mère ?
-Ma mère était femme au foyer.
-Autant dire soumise. Et ton père ?
-Président.
-Président de quoi ? D'une entreprise ?
-Non. Président de la République Française.
-Ah ha ! Tu as de l'humour !
-Je suis Blanche Assort. Fille d'anciennement François Assort, l'ancien chef du Parti Populaire, l'ancien Président de la République Française.
-Non... Tu ne rigoles vraiment pas ?
-Je ne rigole plus depuis que mes parents sont morts.
-Le... Le Président est mort ?
-Ça ne sert à rien de pleurer. Le gouvernement ne pourra rien faire contre la maladie. Que ce soit mon père, Hitler, Staline ou mère Térésa à sa tête, rien n'y fera. Cette maladie est trop forte pour le genre humain. On ne pourra rien faire. Rien. »
Rien... Cette petite me plaisait. Je lui pris la main. Elle la relâcha. J'oubliai. C'était une adolescente.
« Viens.
-D'accord. »
Elle me suivit docilement. Quand j'y repense, j'aurai pu lui dire que j'habitais dans les égouts, elle m'aurait suivi de toute façon. Je la conduisit jusqu'à mon appartement. Elle s'allongea dans le lit et s'endormit. Je soupirai. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de l'inviter... J'avais laisser un homme qui me payait crever dans un hôpital, j'avais poussé une statue pour la briser et j'invitai cette gosse.
Je levai les yeux au ciel puis je regardai par la fenêtre. Il faisait déjà nuit. Le temps passait vite quand une épidémie touchait la planète. Je m'assis sur une chaise et m'endormit.
Je me réveillai au sol. J'avais du tomber de ma chaise. La gamine était toujours allongée sur son lit. Je la touchai. Elle n'était pas en pierre. Je me servis un thé, prit quelque chose à manger et l'avalai sur le balcon. Je sortis mon téléphone et appelai un de mes clients, un des plus riches.
« Allô ? Cyril ?
-...
-Répond Cyril, c'est moi. Si ta femme est à côté dit une connerie.
-Elle n'est plus là. Elle ne le sera plus.
-Quoi ? Parle français !
-Elle est morte... Morte...
-Tu veux que je vienne ?
-Vite. Je vais y passer. »
Je raccrochai et me précipitai en dehors de l'appartement. Je dois avouer qu'à ce moment, j'avais complètement oublié la fille. Je courus à travers les rues désertes de Paris. Je croisai deux ou trois fous qui étaient dehors, comme moi. Ce qui me frappai le plus, ce fut les statues. Paris était la ville au Musées. Elle portait bien son nom. Quelques rares statues étaient debout. Les autres était toutes allongées au sol, recroquevillées sur elle-même, comme des larves. Mais elles étaient des milliers. Toutes avaient un point commun. Elle s'effritaient. Apparemment, le corps humain se décomposait encore plus rapidement après avoir subi cette maladie que lors d'une mort « normale ». Je courus pendant plus d'une heure. Enfin, je fus, à bout de souffle, à la porte d'un immeuble luxueux, sur les Champs. On m'ouvrit immédiatement. Je dévalai les marches. Cyril était allongé sur son King Size. Il tenait la main de sa femme, tuée par la maladie. Elle commençait à s'effriter sous la pression de sa force et l'homme pleurait à chaudes larmes. Il avait un teint de granit et ses yeux étaient déjà gris.
« Ne reste pas là ! Va te soigner !
-Non. On ne peut pas se soigner. Prend ce que tu veux. Tu es tout ce qu'il me reste.
-Ne reste pas ici ! Va-t-en ! C'est malsain !
-C'est à toi de partir, prend ce que tu veux et dégage ! Je voulais juste voir quelqu'un de vivant avant de... »
Cyril fut pris d'une toux abominable. Il cracha du sang. Il se tordit sur son lit, lâcha la main de sa femme qui partit en poussière, et hurla. En un instant son corps se figea.



3 déc. 2011


Voilà une nouvelle histoire (et oui encore une !) Vous remarquerez la ressemblance entre Arianna et la Diva de l'Adriatique, mais elles n'auront pas la même fin !

-I-

Les lumières étaient éblouissantes. Je mis ma main en visière pour apercevoir la scène. Beaucoup trop lointaine à mon goût. Je tournai la tête. Je vis Paul qui me regardait en souriant. Il était heureux d'être ici, c'est ce qui importait. Je lui rendis ce sourire. Qu'importe. Le visuel ne comptait pas dans les bars à spectacles quand Arianna s'y produisait. Sa voix. Je voulais seulement entendre sa voix. Toute une classe de la population parisienne était présente ici, au Diamant. Des gens riches surtout. Des hommes en costume ou, plus casual, en chemise blanche et veste. Des femmes en robes ou en jupe. Je baissai les yeux et me fixai. Une robe qui avait dû être noire il y a un temps, était maintenant entre le gris foncé et le gris souris. Des vieux talons-aiguilles usées à leur extrémité. Je bougeai un de mes pieds dans ces chaussures si inconfortables. Je sentis quelques chose. Ah oui. Une des deux semelles était sur le point de se décrocher. Merci. J'adore les surprises. Enfin... Je voulais voir ce phénomène, cette « grandeur terrible » qui se dégageait de son visage, comme le décrivait l'article élogieux qu'avait fait Télérama. Voilà. Les lumières faiblirent. Paul me prit la main et la serra. Je la laissai, tel un poisson mort entre ses mains fermes. Puis, je me ravisai. Je la retirai subitement, sans même le regarder. Je voulais seulement entendre chanter Arianna. Elle arriva, escortée d'un homme musclé, qui la laissa devant son micro. Elle possédait une grande chevelure brune comme l'on n'en faisait plus au vingt-et-unième siècle. Un chapeau que l'on croyait tout droit sorti d'un coffre victorien lui recouvrait le visage avec une voilette noire. Je réussis tout de même à distinguer son visage nettement, malgré la distance et la voilette. Elle m'étonna d'abord. Une diva. Je m'attendais à une véritable Diva, avec des formes pulpeuses et même grasses. Pas du tout. Elle n'avait aucune forme. Le mot maigreur convenait même à cette femme. Ses pommettes étaient comme des épines traversant un visage fin, à la forme de losange. Ses yeux, incroyablement gros pour ce visage d'oiseau, étaient d'une couleur bleue ou verte, je croyais même remarquer quelque reflets mauves. Son nez était bizarrement insipide, d'aucune originalité. Un nez banal. Cela confirmait le caractère humain de cette femme, malgré sa beauté étrangère à notre monde. Cela me rassura. Elle humidifia ses lèvres en sortant un petit bout de langue rosée. Ces mêmes lèvres étaient sublimées par une couleur noire, noir de jais. Cette longue chevelure, faite de belles boucles anglaises, descendait en virevoltant, comme appelée de tous côtés par une force invisible, jusqu'à ses épaules frêles et délicatement découvertes. Elle portait une robe, d'un noir aussi sombre que ses cheveux et lèvres. Fendue jusqu'en haut de la cuisse à la mode chinoise, celle-ci laissait paraître intimement une partie de sa jambe, d'une maigreur et d'une blancheur cadavérique. Bien sur, sa blancheur. C'est le point qui m'avait le plus frappé à son arrivée. Peut-être parce que chaque partie de son corps nous étaient dévoilées. Des bras, des épaules, une jambe, un visage, un cou, un décolleté, des chevilles. Tout son corps était d'une blancheur nacrée. Pas une tâche, pas un grain de beauté... Je sut après qu'il était impossible de ne pas avoir de grains de beauté, ni sur les bras, ni sur les jambes, ni sur le visage. Je revins sur son visage et ses traits d'un infinie finesse. Ses cils d'une longueur indéfinissable, ensuite cachés par cette mystérieuses voilette, soulignaient la magnificence de ses yeux. J'entendis Paul se rapprocher de moi. Il tenta de m'embrasser. Je le repoussai. Personne n'avait le droit de détruire ce moment. Mon moment. Elle fit quelques pas minuscules et hésitants vers le micro. Aucun regard vers le public. Aucun clin d’œil séducteur. Aucun de ces artifices dont auraient usé les autres chanteuses de cabarets. Ses yeux n'avait fait aucun mouvement. Elle prit le micro de sa main de craie. Elle le rapprocha de son visage d'albâtre. Elle replaça une mèche de cheveux derrière une de ses oreilles. Le pianiste tapa sur les touches avec grâce et aisance. Les notes s'envolèrent comme des rossignols.
Et elle commença. Une sublime chanson. Arc-en-ciel infini, fleurs sensuelles, douce brise, soleil caressant, nuages d'argent et la Mort. La mort qui côtoient ces éléments si beaux. Mais la Mort elle-même n'était-elle pas somptueuse ? Ses bras nus n'accueillaient-ils pas avec sincérité les âmes égarées ? Son visage caché ne souriait-il pas avec douceur ? Sa faux ne servaient-elle pas à nourrir ces mêmes âmes ?
Sa cape noire, noir de jais, ne protégeait-elle pas ses invités des intempéries ou du danger des Limbes ? C'est ce que j'avais compris du chant. De cette ode à la Mort. A moins que le sens m'ait échappé. Peut-être était-ce une ode à l'Amour ? A la Joie ? A la Nature ? Au bonheur ? Toutes se ressemblaient car derrière toutes ses cachettes, la Mort prend place, magistralement. L'ode à la Mort était plus belle, infiniment plus attirante que toutes ces créations visant à réconforter un être humain en perte de l'Espoir. La dernière note allait retentir. Un vibrato hors du commun allait charmer notre ouïe. Rien. Comme ce mot est destructeur. Il n'est pas, puisqu'il n'est rien, mais comme le trou noir qui aspire tout autour de lui, ce mot, ce petit mot est messager de déception et grossit au fur et à mesure qu'il collecte ce sentiment. Rien n'arriva donc. Aucun son. Ma tête, plongé vers le plafond, se rabaissa subitement. Je me levai, d'un bond. Elle aussi baissa la tête subitement. Son chapeau tomba au sol, sa voilette avec. Elle mit une main à son cou et l'agrippa, comme elle s'agrippait à la main de l'Espoir. Ce vil Espoir lui tourna le dos et lâcha cette main. Elle la serra plus fort autour de ce cou gracile. Une subtile toux, aussi sublime que la chanson qu'elle venait d'interpréter, sorti de sa bouche. Elle releva sa tête et la montra à la face du monde. Ses yeux n'étaient pas bleus ou vert, ni reflétant du pourpre, comme je l'avais cru voir, mais gris. D'un gris de pierre. Maintenant je le remarquai. Son visage n'était pas blanc, son corps n'était pas blanc, mais gris. Sa chevelure noire devint terne comme un miroir sans teint, puis grise. Sous son rouge à lèvres noir, on pouvait deviner la couleur de ses lèvres. Sous cette robe, on pouvait deviner la couleur de son corps. Je poussai un cri, un cri puissant, aiguë, un cri égoïste. Je voulais voir cette mort. Ce décès était à moi. Tout le monde se retourna vers moi, interloqué. Je vis seule la Diva tomber en arrière. Un dernière flamme, grise, alluma ses yeux. L’Espoir était parti. Il avait définitivement laissé place à sa proche amie. La Mort avait ouvert ses bras accueillants. A son contact au sol, la Diva éclata. En un million de morceaux elle se brisa, comme une statue Grecque. Le bruit fit retourner tout le monde vers Arianna. Mais j'étais seule à avoir vu sa chute. Je soupirai, satisfaite. C'est dans ce bruit épouvantable, dans ce tel contraste avec sa subtile musique, qu'elle se protégea sous la cape de la Mort et embrassa son doux visage. Les gens hurlaient. Paul était choqué. Ses mains étaient crispées sur la table et ses yeux ronds fixaient les morceaux de pierre au sol. De pierre. Elle était devenue pierre. Comment ? Je le sut après. Tout le monde le sut après...