Scène
4 :
Les mêmes, les 14 enfants de Niobé, Cassandre
Niobé :
Les voilà !
Quatorze
enfants, sept filles et sept garçons entrent dans la salle
d'audience.
Niobé :
La beauté !
Une
fille se pavane devant l’assemblée, visiblement non conquise.
Niobé :
La grâce !
Un
jeune homme se dandine devant l’assemblée, qui semble
indifférente.
Amphion :
Tu vois bien qu’ils ne sont pas de ton avis !
Niobé :
Ils ne peuvent qu’approuver, n’est-ce pas ?
La
cour : Oui Niobé !
Niobé :
Vois-tu ? Ils acquiescent. Ils sont dans l’obligation
d’acquiescer devant ma magnificence.
Némésis :
Orgueil.
Niobé :
Plaît-il Némésis ?
Amphion :
Laisse cette demoiselle en dehors de ça, Niobé !
Némésis :
Demoiselle ?! Je suis une déesse !
Amphion :
Je me moque de votre statut Némé machin chose ! Tu viendras
dans mon cabinet après cette audience improbable, Niobé !
Némésis :
Irrespect.
Niobé,
ignore
Némésis :
Très bien, je ne suis qu’une reine après tout, c’est cela ?
Amphion :
Je ne t’ai jamais abaissé devant moi Niobé. Si tu le veux, cela
est chose faite : je suis le maître de Thèbes, Niobé, tu n’es
que ma femme !
Niobé :
Ta femme qui t’a donné quatorze merveilleux enfants !
Amphion :
Insolente !
Niobé :
Scélérat !
Amphion :
Ingrate !
Niobé :
Monstre !
Amphion :
Je me retire.
Niobé :
Soit, je reste ici.
Amphion
et Nosios se retirent.
Cassandre :
Que se passe-t-il ?
Niobé :
Amphion est infect. Il est le maître de Thèbes mais moi, je suis la
reine aimée des Thébains.
La
cour se retient de pouffer.
Cassandre :
Niobé. Je vous annonce officiellement qu’une tragédie va
survenir !
La
cour rit à gorge déployée et sort progressivement de la salle
d’audience.
Niobé :
Tais-toi Cassandre, tu n'es qu'un insecte devant ma magnificence.
Cassandre :
Attendez ! A votre avis, pourquoi Melpomène est venue ?
Qu'a dit Némésis, cette déesse qui ne dit que la vérité et qui
punit les pêchés, qu'a-t-elle dit ?
La
cour a totalement disparue.
Cassandre :
A
Melpomène et Némésis. Venez
avec moi Mesdames. A
Niobé. Ma
reine, je vous prierai de nous accompagner.
Niobé :
Très bien, je n'ai rien à faire, je veux bien entendre vos
babillages.
Elles
sortent par la porte du cabinet de Niobé.
Scène
5 :
Niobé, Antiana, Némésis, Melpomène, Cassandre
Cabinet
de Niobé.
Niobé :
Comment ose-t-il ? Il n’est pas le maître absolu. Sans moi,
tous ses beaux enfants n'existeraient pas. Notre descendance est
assurée, grâce à moi !
Antiana :
Madame, je vous en prie. Allez-vous excuser. Thèbes ne survivra pas
longtemps à vos disputes répétés. La famille royale ne doit pas
être anéantie.
Niobé :
Anéantie ! Mais nous avons sept héritiers ma chère !
Après tout, tu n’as aucun ordre à me donner Antiana et tes
conseils sont inutiles… Mais que faites-vous ici, au fait, envoyées
des Dieux ?
Némésis :
Stupidité.
Niobé :
Mais que dis-tu enfin !? Je peux te faire exécuter sur le champ
si je le veux !
Némésis :
Aveuglement.
Melpomène :
Nous sommes ici pour être avec vous. Toujours avec vous.
Niobé :
Pourquoi cela je vous prie ?
Cassandre :
Car elles sont ici pour vous surveiller Niobé.
Niobé :
Tais-toi !
Cassandre :
Votre conduite honteuse a conduit les Dieux à vous surveiller,
Niobé.
Niobé :
Je ne suis plus une enfant ! Personne n’a le droit de me
surveiller !
Antiana :
Madame, calmez-vous, votre colère détruira Thèbes.
Niobé :
Je peux hurler si je le veux, tuer si je le veux, dire que mes
enfants sont les plus beaux, si je le veux ! Que Thèbes soit
détruite alors si je ne peux assouvir mes désirs !
Cassandre :
Ces paroles ne sont pas tombées dans les oreilles de sourds ma
Reine.
Niobé :
Comment ça ?
Melpomène :
Nos maîtres vous surveillent.
Niobé :
Qui sont vos maîtres ?
Melpomène
: Apollon.
Niobé :
Très bien. Très bien. Je les défie ! Qu’ils viennent
détruire Thèbes ! Qu’ils viennent tout détruire ! Je
suis belle, intelligente, mes enfants sont merveilleux, mon mari est
le fils du tout puissant Zeus !
Antiana :
Je vous en supplie, Madame, arrêtez vos blasphèmes !
Niobé :
Qui est la mère de cet Apollon ?
Melpomène :
Vous ne savez pas ça ? Ne connaissez-vous pas les Dieux, alors
que vous êtes reine ?
Niobé :
Répondez.
Melpomène :
Léto, son nom est Léto.
Niobé :
Combien a-t-elle eu d’enfants ?
Cassandre :
D’où sortez-vous Niobé ? Vous ne connaissez donc pas nos
Dieux tout puissants ? Les thébains savent tous que Léto a
engendré Apollon et Artémis.
Niobé :
Pour qui vous prenez-vous Cassandre ?! Je suis votre Reine toute
puissante ! Plus puissante que vos dieux de PACOTILLE !
Léto n'a eu que deux enfants ? J'en ai eu 14 ! Léto
n'était qu'une vagabonde ? Je suis une reine ! Léto était
pauvre ? Je suis riche et puissante !
Antiana :
Madame, je vous en prie, c’est trop…
Némésis,
entre
en transe et tend les mains vers le plafond :
Blasphème, provocation, blasphème, provocation, blasphème,
provocation, blasphème, provocation. Convocation. Iris !
Scène
6 :
Les mêmes, Iris, les gardes
Iris
entre en scène, drapé d’arc-en-ciel.
Niobé :
Qui est cette sotte ?
Iris :
Je suis la messagère des Dieux, Iris.
Niobé :
Fichtre ! Qu’en ai-je à faire ?! Ne puis-je donc pas
rester tranquille dans MON palais ?! Il faut absolument que les
Dieux mettent leur nez partout ! M’entendez-vous, impolis !
Ingrats !
Iris :
Les Dieux vous ont entendus, Madame. Ce soir, vos enfants
disparaîtront, à jamais.
Niobé :
Comment osez-vous prononcer de pareilles calomnies ?! PARJURE !
Messagère des Dieux ? Menteuse !
Iris :
Ce sont les Dieux qui ont prononcés ces calomnies. L’état de
votre progéniture n’est plus entre vos mains, Niobé. Quelle que
soit la fortune d’aujourd’hui, vos enfants périront ce soir.
Cassandre :
Telle est la volonté des Dieux, ma reine.
Niobé :
L’armée de Thèbes protégera mes enfants !
Iris :
Les Dieux sont plus puissants que tout. Les hommes ne sont rien face
à eux.
Cassandre :
Je l’avais prédit mais Amphion n’a rien voulu entendre.
Niobé :
Taisez-vous, Pythie maudite !
Némésis :
Aveuglement.
Niobé,
désignant
Némésis :
Qu’on arrête cette sotte !
Les
gardes accourent. Subjugués par la beauté d’Iris et par son
écharpe d’arc-en-ciel, ils s’agenouillent devant elle et
implorent son pardon.
Niobé :
Arrêtez- les ! C’est un ordre de votre Reine ! De votre
Reine bien-aimée !
Iris :
Les humains ne peuvent rien contre les Dieux, Niobé. Vos enfants
sont perdus. C’est la fin de votre dynastie.
Niobé :
Vous ne pouvez pas ! Vous… C’est impossible ! Amphion
est le fils de Zeus ! Zeus ! Protégez vos petits-enfants !
Il ne laissera pas faire une telle hécatombe !
Iris :
Votre mari a vu le jour sous le soleil de l’infidélité Madame.
Héra se vengerai contre Zeus si elle l’apprenait. Le Maître des
Dieux assistera au massacre.
Niobé :
Je les protégerai au péril de ma vie !
Némésis :
Entêtement.
Antiana :
Venez Madame, il faut vous reposer.
Iris :
Je pars. Les Dieux sont implacables Niobé. Votre sort est
inéluctable.
Iris
repart comme elle est venue. Niobé s’effondre dans les bras
d’Antiana.
Niobé :
Mes amours. Mes enfants… Zeus je vous en prie ! Zeus !
Sauvez-les ! Pitié ! Pitié ! Ayez pitié d’une
pauvre femme ivre de colère !
Antiana :
Ce n’est pas digne d’une Reine Madame, relevez-vous.
Niobé,
se
relève fièrement :
Vous avez raison Antiana. Je leur montrerai que les humains savent
combattre les Dieux !
Cassandre :
Peine perdue ma Reine.
Niobé :
Je ne vous ai posé aucune question, Pythie.
Cassandre :
Vos enfants mourront, tous.
Niobé :
Je ne vous crois pas.
Cassandre :
Je suis habituée. Mais je le répète, vos enfants mourront.
Niobé :
Taisez-vous.
Cassandre :
A cela aussi, j’y suis habituée.
Niobé :
Cassandre, quel sera le châtiment de mes enfants, si je n’arrive
pas à les protéger ?
Cassandre :
Vous ne me croiriez pas.
Niobé :
Parle !
Cassandre :
Ils seront tués par les enfants de Léto. Tous périront.
Niobé :
En effet, je ne vous crois toujours pas. Melpomène ?
Melpomène :
Ils périront tous dans les flammes du Tartare,
Quels que soit vos gestes, il est déjà trop tard.
Flèches
fuseront de tous côtés,
Vos
chers enfants seront décimés.
Niobé :
Taisez-vous, Monstre ! Vous êtes la Muse de la Tragédie après
tout ! Vous êtes ici pour nous conter des malheurs !
Antiana :
Venez Madame, nous devons en faire l’annonce à Amphion.
Niobé :
Tu as raison Antiana, allons annoncer que nous protégeront nos
enfants au prix de notre vie, même si ce ne sont que des
balivernes !